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Maquillage interdit pour cause d’hétérosexualité

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Maquillage interdit pour cause d’hétérosexualité Empty Maquillage interdit pour cause d’hétérosexualité

Message  Tiffany Mar 14 Juin - 23:17

30 juin 2007,
par Romy Têtue


Il y a des moments hautement appréciables dans la vie, comme celui de croiser la marche des fiertés et sa musique qui vous fait tressauter d’allégresse. Place de la Bastille, le son était tellement bon qu’il faisait vibrer le sol, profondément, jusque dans les couloirs souterrains du métro.
Je me suis collée à une baffle pour mieux décoller...
Des jeunes dansent en bande, extatiques. Deux filles joliment piercées fendent la foule en se tenant par la main. Un couple danse en s’enlaçant sensuellement avant d’éclater d’un rire complice et contagieux. De beaux jeunes hommes se sont mis du rouge à lèvres et s’amusent à se coller des smacks sur les joues, au risque du dérapage. Une drag-queen gothique passe et décoche un clin d’œil fondant au bambin perché dans les bras de son père...
C’est en croisant ces visages maquillés et radieux que je me suis souvenue d’un autre monde où le maquillage est avant tout affaire sérieuse, c’est-à-dire de sexe, même jour de fête.
J’assistais, la semaine dernière, à une fête de fin d’année des écoles, une kermesse pour les enfants : pêche aux canards flottants, tir de palet, bowling, maquillage et déguisements... waouh ! c’est la fête ! Le genre d’événement gentil qui donne l’envie aux parisiennes d’enfanter et aux parisiens de s’installer en campagne retrouver un peu d’authenticité. Pourtant, depuis que je suis petite, c’est toujours la même variété pop américaine qui braille dans les enceintes des fêtes de province, de la musique de supermarché à deux balles. « Authenticité » dites-vous ? Excusez-moi de préférer la musique autrement plus variée de Radio Nova et les audaces musicales de FG DJ Radio.
Avisant un minois joliment grimé en papillon, je me dis que nos deux zouaves apprécieraient d’être transformés en tigre ou en léopard, grrraouh ! Ce sont des garçons, me fait-on alors remarquer, et par conséquent il ne peuvent aimer cette « activité de fille ». Perplexe, je me rends sur le stand maquillage : effectivement, il est assailli par une telle flopée de fillettes, entièrement vêtues de rose et mauve, poussées par des mères hystériques, que je ne parviens pas à savoir si la maquilleuse réalise aussi des faces félines. Je renonce, préférant finalement épargner cette cohue aux enfants. Moi-même je n’ai que l’envie de fuir.
Pendant que, classe après classe, les enfants défilent sur le podium pour effectuer leur spectacle de fin d’année, leurs parents attendent sagement sur la pelouse en bavassant. Certaines mères se tordent les chevilles du haut de leurs talons aiguilles. C’est une manie que je n’ai jamais comprise, à la campagne, de toujours vouloir se chausser comme en ville, y compris sur ces terrains impraticables.
La première chose qu’elle dit c’est qu’une boîte vient d’ouvrir pas loin, « une boîte pour homosexuels » précise-t-elle, « tu te rends compte !? ». Je ne connais pas cette femme et me demande bien comment je dois interpréter cette entrée en matière. Je lui réponds platement que c’est une bonne chose que les homosexuels de la région aient un lieu où se retrouver, tant la vie est difficile pour elles et eux en province. « Ah bon !? » s’étonne-t-elle, à la fois curieuse d’en apprendre davantage et intriguée que je sache quelque chose, comme si c’était sulfureux. Je repense alors à l’info entendue le matin même à la radio : le suicide touche plus fortement les jeunes homosexuels (cf. : enquête InVS publiée ce 22 juin), ce qui révèle leur mal-être, dû au rejet de leur différence [1]. Je doute que mon interlocutrice soit foncièrement homophobe mais, par son ignorance d’autrui, elle participe de l’homophobie ambiante, de cette si douce et discrète xénophobie qui en conduit certains et certaines au suicide.
Car elle est, comme tant d’autres personnes, sincèrement aveugle à tout ce qui diffère de son mode de vie : comme dans les contes de fées de son enfance, « Mademoiselle » s’est mariée, en robe blanche et à l’église bien sûr, pour devenir « Madame » et pondre marmaille.
Pourquoi aurait-elle souhaité une autre destinée ? Ici, toutes sont persuadées qu’il n’y a pas mieux. Et si par hasard il existait autre chose, fermons les yeux, car ce que peut être que déviance.
Elles vivent dans un autre monde, si hétéronormé qu’il nie la différence. Un monde garant de la reproduction de l’espèce. On y fait des marmots que l’on cloisonne dès le plus jeune âge selon leur sexe, apprenant aux unes les tâches dites féminines et aux autres les activités soi-disant viriles, les dressant comme des chiens de Pavlov. Ici, comme dans les kermesses de mon enfance, les cadeaux ne sont pas les mêmes pour les filles et pour les garçons, et personne ne s’offusque de cette discrimination. Devinez qui a droit aux nourrissons en plastique et aux fers à repasser miniatures ? aux sabres et aux pistolets ? Mais expliquez-moi pourquoi les crayons de couleurs étaient, et sont encore, réservés aux garçons ? Pourquoi interdire aux filles de dessiner ? Parce qu’elles ont déjà droit à un nécessaire à maquillage ?
Elle continue de m’entretenir de sujets en rapport avec la sexualité, comme d’autres parlent de la pluie et du beau temps. Je ne suis pas d’ici et, tout en hochant bêtement la tête pour donner le change, je m’interroge sur cette curieuse façon d’accueillir l’étranger(e).
D’une façon générale, j’ai toujours trouvé que les gens avaient un problème avec le sexe : ils en parlent tellement que c’est louche. C’est encore plus flagrant en province où il m’a toujours semblé que c’était le sujet de conversation principal, la préoccupation centrale, tant par conditionnement que par désœuvrement de l’esprit. Et c’est aussi pour éviter l’ennui de ces conversations aussi ahurissantes qu’affligeantes que j’ai jadis quitté ma province natale. Mais pas seulement.
Je n’ai jamais eu ma place dans ce monde où les filles jouent à la poupée en rêvant de se reproduire, et les garçons à la guerre en rêvant de tout détruire. Cet hétérocentrisme maladif est si répugnant que je me demande soudain, si je n’aurais pas mieux fait de préférer les filles.
Alors, je me suis collée à une baffle pour mieux décoller...
Tiffany
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Message  Cassandra Lun 25 Juil - 19:22

C'est vrai que je n'ai jamais apprécié cette façon de nous enfermer dans des cases hermétiques. Mes parents m'ont interdite les barbies et m'ont envoyée chez le pédopsychiatre parce que j'étais fan de Sailor Moon et autres dessins animés soi-disant destinés aux filles.
Le pire, c'est qu'une fille qui joue à des jeux de garçons est considérée comme un garçon manqué, et un garçon qui joue aux jeux de fille se fait coller l'étiquette de "tapette", "femmelette" ; égalité des sexes ? Mon œil !
Certes, je ne veux pas d'enfants et je ne pourrai pas en faire après mon opération, mais si c'était le cas je ferais tout pour briser cette dichotomie, après tout on est au 21e siècle.
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Message  vyolis Dim 9 Oct - 21:09

Parlant de maquillage il est frappant qu'à l'halloween nos ''gars'' et nos ''fille'' se permettent de se maquiller en fille ou inversement. Pourquoi en profite-t-il qu'à cette fête? Fantasme caché? L'occasion est idéal pour passer inaperçue et enfin se laissé vivre sa réalité. jJ'appelle cela de l'hypocrisie sociale et à la limite quelque chose de pervers, car on accepte le ''cas/fait'' qu'à certaine condition, ou encore, sous une version contrôlé. Faudrait quand même faire de l'abus, mais disons on mal nécessaire selon les biens-pensants de ce monde.
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